gieuse, et l’était d’autant plus que son unique excuse tient aux habitudes de travail inhérentes à un régime où, comme on l’a vu, l’incoordination ne saurait disparaître sans péril pour l’essence même du Gouvernement.
Le défenseur le plus habile, le plus ardent et le plus tenace de M. Hanotaux dans la presse parisienne a senti le danger que courait son client de ce côté ; il a essayé d’y pourvoir. Dans une série d’études consacrées à la politique intérieure et extérieure des modérés, M. Ernest Judet s’est d’abord efforcé de nier que tout choc entre Angleterre et France ait même été possible. Or, le choc n’a été évité que parce que nous avons battu précipitamment en retraite, devant « un parti pris appuyé par la force et sur le fait de la conquête », a écrit M. Hanotaux en personne, qui a constaté que « le droit des traités n’était même pas admis aux honneurs de la discussion » ; pour l’y faire admettre, il aurait fallu pouvoir mettre en ligne des forces réelles. Que le risque ait été couru, ce n’est donc plus niable. On refusera donc toute espèce d’indulgence à des hommes d’État qui se sont exposés à une telle éventualité sans y parer et même sans y penser, laissant les côtes sans défense, les dépôts de charbon sans approvisionnement, la flotte en infériorité manifeste. M. Judet a si bien senti la valeur décisive de ce reproche qu’il a fait de son mieux pour paraître y répondre et que, un beau jour, en tête du papier sur lequel il se préparait à écrire son article, le sep-