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essai loyal d’une réforme

on n’avait guère fait que des réponses démocratiques et républicaines, c’est-à-dire discontinues et brèves, comme il convient aux êtres qui sentent à peine, enchaînent peu, ne pensent rien : notre œuvre aura été d’éclaircir la vue du péril, et de la débrouiller, et de la rendre intelligible : d’en faire chaque jour un rappel très concret. Assurément, l’Allemagne de 1911 aura, plus qu’en 1905, pressé le bouton, mais nous l’avons bien remplacée dans l’intervalle des sonneries. Et c’est alors que le pays a répondu par des efforts de réflexion personnelle qui ont réorganisé toute sa pensée. De là est sorti ce qu’un publiciste[1] a pu appeler une « renaissance de l’orgueil français » et qu’il faudrait appeler plutôt un retour de l’intelligence politique française.

L’attitude de la presse républicaine envers notre livre put en témoigner à partir de ce moment-ià.

De juillet 1910 à juillet 1911, on avait chicané sur Kiel et Tanger. Mais, du jour où la Panther menaça le Sud marocain, toute conteste s’arrêta et l’on se mit à le réciter, à le récrire, à l’utiliser. Nos trois cents pages devinrent le Manuel du journaliste ou du politique, et l’on en adoptait jusqu’aux plus modestes détails de vocabulaire, Quel était le conseil prodigué inlassablement par les journaux républicains aux négociateurs de la République ? Le conseil même que nous avions ressassé : il faut « manœuvrer » l’adversaire pour

  1. M. Étienne Rey.