semble, et l’esprit du détail asservit et immobilise l’esprit humain.
Mais celui qui s’est élevé jusqu’à désirer que l’ensemble prévale enfin sur le détail est ici contraint de chercher quel est, en général, dans l’ordre scientifique, le détail et quel est l’ensemble, quelle est la sphère la plus vaste et la sphère subordonnée, quelle est donc la science-reine et quelles sont les sciences servantes : or, ces déterminations du rapport des sciences ou n’existent pas ou n’ont jamais été posées avec rigueur. Au démon de la liberté qui agite et divise chaque science s’est ajouté de l’une à l’autre le démon de l’égalité. Pour le chasser, il faut les examiner successivement, leur assigner le rang et la dignité qui conviennent. Ainsi s’obtient la hiérarchie des sciences.
Cette hiérarchie est un des chefs-d’œuvre de l’esprit humain. Le philosophe a voulu naturellement qu’elle correspondît aux rapports intrinsèques des objets auxquels s’applique chaque science. Mais il exigeait aussi, d’une part, qu’elle aidât au développement futur des sciences en stimulant et en dirigeant les esprits, d’autre part, qu’elle reflétât l’ordre historique dans lequel ces sciences ont été successivement inventées par l’esprit de l’homme. Pour satisfaire au premier point et correspondre aux objets de la connaissance, Auguste Comte a disposé les sciences dans l’ordre de la généralité décroissante ou de la complication croissante : mathématique, astronomie, physique, chimie, biologie, sociologie et morale. Chaque