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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/130

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auguste comte

bout de la chaîne. La morale, cette politique suprême, cette espèce de religion à laquelle il faudra bien que l’homme donne sa foi quand il sentira qu’une telle foi, lui étant démontrée, demeure toujours démontrable, la morale n’existe point à l’état de science, tant que la sociologie n’est point avancée ; mais, à son tour, pour avancer, la sociologie a besoin de la morale, qui pose les cas à résoudre, les questions à élucider, les fins précises à atteindre. Enfin, toutes les deux, la sociologie et la morale, ne peuvent être conçues convenablement sans le secours de toutes les sciences antécédentes, la mathématique comprise ; mais la plus éloignée, la première, la plus ancienne mathématique elle-même est aussi attirée et comme aspirée par le développement de la sociologie, qui seule, d’après Comte, peut la régénérer, la systématiser et l’utiliser. La mathématique fournit à la sociologie les conditions d’existence ; elle en reçoit les règles de ses derniers mouvements.

Par cette vue belle et profonde, qu’il n’a cessé de préciser et de développer jusqu’à sa mort, Comte introduit dans les sciences un élément nouveau, qui leur semblerait étranger. Subordonner la mathématique à la science des sociétés, n’est-ce pas subordonner la science elle-même à son utilité pratique et retomber ainsi sous la critique de l’utilitarisme, telle qu’Auguste Comte l’avait lui-même formulée ?

Il avait écrit en 1830 :

« Les applications les plus importantes dérivent constamment des théories formées dans une simple