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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/138

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auguste comte

ferions-nous ? Comte ne cessa de formuler son indifférence[1] à l’égard de ces dernières, en même temps que d’élargir et de préciser la sphère de « ce qui nous convient ». Mais, en s’élargissant ainsi, sa philosophie approchait des confins de la religion qu’elle ne tardait pas à rejoindre. La définition que l’on vient de lire est de 1851. Il la corrigea cinq ans plus tard[2]. La vraie logique ne lui parut plus bornée à « dévoiler les vérités » qui nous conviennent : elle embrassa le domaine de l’action. Elle le systématisa et le régla ; « car nous devons autant systématiser nos conjectures que nos démonstrations, les unes et les autres devant être mises au service de la sociabilité, seule source de la véritable unité ». La vraie logique se définit donc « le concours normal des sentiments, des images et des signes pour nous inspirer » (au lieu de dévoiler) « les conceptions » (au lieu de vérités) « qui conviennent à nos besoins moraux, intellectuels et physiques ». Cette philosophie, cette logique veut envelopper et soulever toute l’âme.

Donc, sachant les besoins humains, nous leur fournirons, en vue de les satisfaire, tout ce que nous aurons : vérité, quand nous posséderons une vérité ; fables, lorsque les vérités feront défaut ; l’esprit humain ni l’âme humaine n’attendent point. Celui qui meut le soleil et les autres étoiles dans le Cantique de Dante,

  1. Au reproche d’utilitarisme, même réponse que ci-dessus. Comte dirait que la sphère de ce qui nous convient est, grâce à lui, organisée : la morale est une science.
  2. Synthèse subjective.