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l’ordre positif d’après comte

l’amour, qu’Auguste Comte appelle « le moteur » de toute activité, cet amour, ce désir nous jette en avant. Prenons garde de rien mépriser qui nous appartienne. La poésie est « plus large » et « non moins vraie » que la philosophie. Ce que le philosophe peut exiger de la poésie, c’est seulement de ne pas contredire ce que la science révèle de certain sur la nature humaine. Sous cette condition, que la poésie ait champ libre ! Elle ne pourra qu’ajouter par ses ornements à la magnificence de la religion. Veut-elle attribuer aux corps des qualités imaginaires ? Il suffit qu’elles ne soient point « en opposition avec les qualités constatées ». Veut-elle concevoir des êtres absolument fictifs ? Il suffira qu’ils servent le Grand-Être et contribuent à rendre la synthèse aussi émouvante que vraie.

Auguste Comte en a donné l’exemple. Puisque le Grand-Être nous manifeste, aussi réellement que possible, « l’entière plénitude du type humain, où l’intelligence assiste le sentiment pour diriger l’activité », pourquoi ne pas associer aux hommages rendus au Grand-Être cette Planète, avec le système entier qui lui sert de demeure ? Pourquoi s’arrêter là et ne point ajouter à ce couple de dieux l’Espace qui enveloppe notre système ? Que la Terre et que les planètes se meuvent, rien n’empêche d’y voir un acte de volonté. Que l’Espace se laisse franchir, rien n’empêche d’expliquer que ce libre parcours ait été laissé au chœur de nos astres par l’acte continu de sympathies immenses. Rien n’empêche non plus de rêver que, si l’Espace fut, c’est pour que la Terre, son satellite, ses