Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/163

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… J’ai écrit : sainteté ; j’aurais pu écrire magnanimité. J’entends de douces voix me conseiller plutôt : folie pure, folie raisonnante. Mais non. Presque autant que le manque de cohérence, l’excès de l’ordre dans le rêve, dans le sentiment, dans la vie, joue quelquefois l’aliénation. Un point nous est bien assuré. Le jugement d’Auguste Comte, tel qu’il se montre dans ses lettres, garda toujours la vivacité, la clairvoyance, la nuance même. Rien ne justifie donc les calomnies de Littré. Seulement, tout les autorise.

Peu d’esprits voudront suivre sans un effroi sacré une opération comme celle de Comte, qui réduit en systèmes, en systèmes qui lui commandaient de grands actes, les impulsions les plus spontanées de la vie du cœur… De tels prodiges sont plus faciles à concevoir dans le reculé de l’histoire que près de nous, dans un cerveau contemporain. Les grands fondateurs et réformateurs religieux ont bien vécu ainsi leur foi ; je voudrais oser dire qu’ils ont su mourir ainsi en elle. Dès lors l’étonnement de Comte fut de n’avoir pas inspiré ces dévouements complets qui ne manquèrent point, disait-il, à saint Paul et à Mahomet. Mais la stupeur qu’inspirent quelques-unes de ses paroles