qui se croirait fils d’Hellas. Renée Vivien soutient qu’elle réincarne la grande lesbienne : ses chants ne sauraient donc être sans concordance avec les vrais chants de Sapho. Le fragment de la « douce pomme » est restitué suivant ce principe, dans un rythme fort souple, avec une inévitable surabondance d’inventions destinées à compléter l’original :
Ainsi qu’une pomme aux chairs d’or se balance
Parmi la verdure et les eaux du verger
À l’extrémité de l’arbre où se cadence
Un frisson léger,
Ainsi qu’une pomme, au gré changeant des brises
Se balance et rit dans les soirs frémissants,
Tu t’épanouis, raillant les convoitises
Vaines des passants.
La savante ardeur de l’automne recèle
Dans ta nudité les ambres et les ors ;
Tu gardes, ô vierge inaccessible et belle,
Le fruit de ton corps.
Et le sens proposé pourra nous paraître plausible. Ce genre de traduction personnelle se renouvelle ainsi pour de nombreuses pièces. Nous sommes en présence d’un travail audacieux qui ne mutile d’ailleurs rien, l’œuvre authentique restant intacte, les vers grecs n’étant point anéantis, mais traduits et développés, et le style de cette transposition française ne manque pas de finesse, ni même de pureté.
Que manque-t-il donc ? La patrie. On aura défini ce défaut, en disant que ce sont des bords de Médi-