Vous êtes morte au fond de moi, vous êtes morte,
Petite enfant !
C’est moi qui vous abrite et moi qui vous emporte
Tout en vivant.
Ah ! vous aviez si peur de cette ombre lointaine
Que fait la mort
Et l’écartiez déjà d’une main incertaine
Tremblant très fort.
Vous étiez douce et caressante, et souvent sage,
Je vous revois,
Mais les yeux clos, car je n’ai plus votre visage,
Ni votre voix.
Ainsi je vais mourir tout le long de ma vie
Jusqu’à ce jour
Où, de l’espoir qu’on rêve au regret qu’on oublie,
Tristesse, amour,
Je ne serai plus rien, dans la nuit sûre et noire
Qu’un poids léger
Et pourrai sans reflet, sans ombre et sans mémoire.
Ne plus changer.
Oui, l’auteur de ces vers ingénieux semble un peu trop lucide pour faire une bonne romantique. S’en croira-t-il et pourra-t-il être dupe quand il faudra ? Son petit roman témoigne çà et là d’un cynisme tendre et de ce vrai poétique et brutal qu’approuverait M. Anatole France. La jeune Gillette Vernoy, qui arrive en retard pour dîner, répond « véridiquement à monsieur son mari : « — Mon amant ne voulait pas me