— D’abord, asseyez-vous tranquillement.
Mais elle reprit :
— Je n’ai pas la force de m’asseoir tranquillement, on ne se repose que quand on est bien portant. — Elle ajouta : — Il faut que vous me guérissiez tout de suite, je vous en supplie, de cette douleur que j’ai dans la nuque tout le temps, et d’une tristesse qui me met des larmes dans toutes les veines.
Il lui conseilla le calme, le sommeil, la nourriture. Il la pria de regarder doucement la vie, indifférente et drôle.
Il l’assura des plaisirs prudents qui attendent l’observateur et l’amoureux de la nature.
Elle lui dit :
— Alors, docteur, le soleil et les soirs violets, et des bouts de nuit où semblent s’égoutter encore les lunes qui furent sur Agrigente et sur Corinthe, ne vous font pas un mal affreux ?
Le docteur répond que la pensée des vieilles lunes lui est, au contraire, bien reposante.
Sabine s’en va indignée, en se disant :
« — La satisfaction seule console. La faim, la soif et le sommeil ne se guérissent point par tel envisagement de l’univers, mais par le pain, l’eau ou le lit, et de même la douleur ne se guérit que par le bonheur. »
Mais l’idée du bonheur elle-même s’est aiguisée. Son amant lui a demandé un jour :
— Qu’est-ce qu’il vous faut, à vous, pour que vous soyez heureuse ?
Elle tourna vers lui ses yeux d’enfant brûlante, appuya sa tête contre l’épaule de Philippe et répondit :
— Votre amour.