iii
UN THÉORICIEN DE LA MONARCHIE
M. Étienne Lamy simplifie beaucoup : pour lui, notre jeune captive — d’avant et d’après ses prisons — s’était toujours liée presque sans le savoir aux sentiments politiques de ceux qu’elle aimait. Elle portait la couleur de ses favoris. Libérale et constitutionnelle avec ce Lauzun qui finit par servir la Révolution, elle devint aristocrate avec lord Malmesbury, ralliée avec M. de Montrond, frondeuse avec Mailla Garat : le commerce de Boisgelin suffirait donc à l’incliner à la monarchie légitime.
M. Lamy a tort de passer si vite. Est-il sûr que chacun des ralliements divers exécutés par Mlle de Coigny ne fut point précédé d’une lutte piquante, légère, mais approfondie, comme celle dont les Mémoires nous donnent idée et qui est fort intéressante ? Aimée ne dut se rendre sans combat ni aux vues de Lauzun, ni aux arguments de Malmesbury, ni aux discours de Mailla Garat. Elle dut accorder tour à tour à chacun le plaisir délicat de la vaincre et de la fixer pour quelque temps dans le voisinage de sa pensée.