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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/295

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un théoricien de la monarchie

Celui d’entre eux qui aurait dédaigné ce plaisir eût été un esprit bien superficiel.

Les doutes, les questions d’une intelligence de femme, si elle est cultivée et forte, reflètent merveilleusement les principaux obstacles qu’il reste à surmonter pour une idée nouvelle. J’oserai soutenir contre une opinion satirique que les vraies femmes incarnent à merveille le sens commun, si l’on entend bien par ce mot une synthèse, et la plus fine, de ces idées reçues qui constituent la masse profonde d’un esprit public. Le philosophe ou l’agitateur qui se propose d’émouvoir et de déplacer exactement cet esprit ne connaîtra exactement les positions et les forces de l’adversaire qu’auprès d’une femme informée, curieuse et, comme elles aiment à se dire, sans parti pris.

À ce point de vue, le dialogue de Bruno de Boisgelin, qui veut faire la monarchie avec son amie qui s’en moque, mais qui est fort intéressée par tout ce que pense Bruno, forme une page d’un grand sens. Mlle de Coigny y révèle son goût solide, modéré et sûr. Elle voit tout d’abord, très nettement, ce qui est prochain. Il faut que son ami la pousse, et même qu’il la presse un peu, pour qu’elle s’élève au-dessus de ces prétendues solutions « pratiques » qui, de tout temps, passèrent pour les plus vraisemblables, mais qui manquent toujours dans le jeu concret de l’histoire, précisément parce qu’elles sont tout à fait contiguës au système en voie de crouler. Ces grands esprits pratiques oublient toujours de calculer la réaction !

En 1812, l’idée de la chute de l’Empereur avait rang