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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/296

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mademoiselle monk

de chimère. Pourtant les analyses de M. de Boisgelin furent si précises, et si claires, que son amie n’y put tenir.

— Eh bien, lui dit-elle, il ne faut plus le garder pour maître ; renonçons à lui et même à l’Empire.

— Retournons en royaume, poursuit Boisgelin, fier de l’avantage.

Mais l’idée d’une royauté paraît extrêmement surannée à la jeune femme.

— Qu’à cela ne tienne ! Je veux, dit Boisgelin, quelque chose de savamment combiné, de fort, de neuf ; « en conséquence, j’opine pour rétablir la France en royaume et pour appeler Monsieur, frère du feu roi Louis xvi, sur le trône ».

Mlle de Goigny considéra cette opinion tantôt comme une ingénieuse plaisanterie, tantôt comme un « sophisme insoutenable ». Boisgelin tenait bon. Il développait sa théorie de la France nouvelle, théorie trop constitutionnelle pour notre goût, et trop parlementaire. Mais elle avait des parties justes, elle impliquait la Monarchie.

Quand on n’a point de troupes à insurger, ni de bandes populaires à diriger, la théorie demeure le meilleur mode de l’action : elle en étudie le terrain. Bruno de Boisgelin s’appliquait donc à théoriser fermement pour endoctriner sa maîtresse et la mieux préparer aux surprises de l’avenir. Sans aucun doute, ces leçons risquaient de ne servir à rien. Comme tout ce qui est d’avenir, elles ne pouvaient être utiles que moyennant une occasion, c’est-à-dire par aventure,