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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/116

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VIII


La rue, pour un brave homme qui s’y promène tout à l’aise, sans songer à mal, c’est un domaine essentiellement paisible et sûr, qui peut présenter une agréable diversité, qui peut offrir des spectacles amusants ou dramatiques, mais où généralement l’on ne descend pas pour aller chercher l’inédit ou le romanesque. C’est la propriété de tout le monde, tout le monde s’y sent chez soi, chacun y vaque sans la moindre alarme à ses occupations.

Mais pour Sylvain, la rue était un champ de bataille.

Il se le disait encore ce matin-là, en partant à vélo, sous la pluie drue et froide, pour aller livrer son tabac. Il s’était blatté, selon le mot des fraudeurs. Dans l’ouverture de sa chemise, il avait passé et placé en bon ordre,