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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/117

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la maison dans la dune

verticalement, deux rangées de huit paquets de tabac. Ça faisait quatre kilos qu’il promenait ainsi sur sa peau. Là-dessus, il avait boutonné un vaste gilet, puis enfilé son « pull » de grosse laïne. Et, son veston bien serré sur le tout, il avait l’air de ne rien transporter. Tout au plus lui aurait-on remarqué un léger embonpoint.

Il devait livrer son tabac à Mardyck. Il lui fallait pour cela couper à travers Dunkerque. Et pour entrer dans la ville, d’abord, il descendit de vélo, il feignit d’uriner contre une palissade, et, de là, surveilla la cabane de l’octroi, attendant une occasion.

Elle ne tarda pas. Tout un flot de voitures venait de passer, le préposé rentrait dans sa guérite pour se mettre à sec une minute. Sylvain sauta sur son vélo, se lança à toute vitesse, et passa devant la cabane à fond de train. Première passe franchie.

Sylvain roula ensuite un bon moment à petite allure, les mains au haut du guidon, regardant à droite et à gauche, de l’air d’un flâneur. Mais il voyait tout, il remarqua deux hommes vêtus d’imperméables fatigués, les jambes prises dans des leggins, qui attendaient quelque chose, appuyés sur le cadre de leur bicyclette, placée en étai derrière eux.