Aller au contenu

Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
112
la maison dans la dune

Prudent, Sylvain fit un crochet, passa par une autre rue. Tant qu’il était dans le centre de la ville, près de la gare, la fuite lui était facile. Il pouvait aisément se faufiler dans le dédale des rues, et égarer ses poursuivants. Il évita ainsi deux postes de noirs encore. Du bout d’une rue, il les reconnaissait. Il leur trouvait un air de famille, avec leur imperméable, leurs guêtres, et leur casquette ou leur chapeau mou. Et ils avaient tous la même façon de placer leur vélo derrière eux, de s’appuyer, assis à demi sur la barre du cadre, et d’attendre, toujours au coin de deux rues, le nez en l’air, feignant, quelquefois, de chercher le numéro d’une maison. Alors, Sylvain faisait un crochet, et contournait le barrage par une autre route.

Il fit ainsi plusieurs détours, par la rue du Maréchal-Foch, la rue Jean-Bart, la place Jeanne-d’Arc. Et il finit par revenir dans la rue de Paris, qu’il devait suivre de bout en bout pour traverser la ville. À l’entrée de la grande artère, sur un pont, il s’arrêta encore, et, avant de s’y engager, il étudia longuement la situation. C’est alors qu’il reconnut, très loin, au carrefour de la rue de Lille, Lourges qui attendait, avec un autre noir.

Sylvain ne pouvait s’y tromper. Pour de-