avec un bruit doux et fort de froissement. Et on voyait leur masse se moirer de nuances plus pâles, sous l’effort de la brise qui les relevait en y faisant jouer le soleil. Un long balancement régulier, une houle calme berçait tout le panache des arbres. L’un après l’autre, on les voyait se pencher doucement, se relever, comme s’ils avaient transmis au voisin la charge qui les inclinait. Et cela aussi rappelait la mer, les barques qui, tour à tour, saluent d’un lourd effacement le passage de la brise. Ce bercement éternel assoupissait Sylvain, l’emportait très loin, le vidait de toutes ses pensées, et le laissait parfaitement heureux, dans cette torpeur de son cerveau. Il perdait conscience de son orientation, il n’eût su dire à quelle cadence rapide ou lente fuyait le temps. Il oubliait le jardin, l’auberge, et le monde…
Des pas le rappelèrent à la réalité. Il se releva, la tête lourde, étourdi par tout le sang qui s’y amassait. Ces moments-là étaient pénibles. Mais il reconnut Pascaline, et il fut content. Elle apportait un livre pour se reposer à l’ombre.
— Vous avez déjà fini ? demanda-t-elle.
— Oui. Aujourd’hui, je suis paresseux.
— Moi, je le suis toujours, dit Pascaline,