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CHEZ PIERRE PHANEUF

— Oui, monsieur l’abbé, voici l’heure du souper, je l’attends dans quelques instants.

— Je vais au-devant de lui, fit l’abbé ; Marc, attends-moi ici. Toi, mon gros Pierrot, continua-t-il, s’adressant au plus grand des enfants, viens-tu avec moi au-devant de ton papa ?

L’enfant intimidé, ne répondit pas, mais sa mère lui dit :

— Pierrot, va tout de suite avec monsieur l’abbé ! Et l’enfant sortit docilement à la suite du prêtre.

La fermière mit son bébé dans le berceau et commença à s’occuper du repas. Marc regardait autour de lui… Rien ici ne lui rappelait la riante ferme de Schenectady, avec sa grande cuisine claire et propre, aux murs blanchis et aux larges fenêtres à volets verts… le poupon un peu barbouillé qui s’agitait dans le berceau autour duquel bourdonnaient les mouches, ne lui rappelait pas non plus la mignonne Rosie, toujours si bien soignée et si attirante dans son berceau à rideaux bleus… cette femme jolie mais mal coiffée, aux vêtements pauvres et négligés, à l’expression un peu méfiante… ce n’était pas la fermière telle qu’il se la figurait d’après son souvenir de Mistress Gray… Ici, c’était la vraie pauvreté, presque la misère… comme ça devait être dur de vivre ainsi !… Marc se prit à espérer que le colon ne le prendrait pas !

Il essaya d’attirer le petit Paul dont les yeux ne le quittaient pas, mais dès qu’il voulut lui parler, Paul courut se cacher dans les jupes de sa mère…

Une demi-heure se passa… Marc commençait à