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Page:Maxine - La huronne, 1943.djvu/68

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LA HURONNE

plus l’anglais qu’au premier jour… Une nostalgie persistante le tourmentait depuis quelque temps, et il avait une idée fixe… fuir… passer la frontière et se retrouver parmi des Français… mais il y avait Marc ! Impossible de l’exposer aux dangers de cette fuite… Que faire ?… Marc s’apercevait bien que Martin était triste, mais il ne se rendait pas compte qu’il était dévoré par le mal du pays…

Cependant la Providence avait d’autres vues pour le vieux marin de l’Alcide et c’est vers une autre patrie qu’il allait se diriger. Un soir, entrant à la maison comme d’habitude, Martin fut pris d’un vertige subit, chancela et tomba, se frappant la tête sur une bûche de bois qui était auprès de la cheminée. Le sergent et Marc coururent le relever… il était sans connaissance…

Dans ces régions nouvelles, il fallait voyager des milles et des milles pour avoir un médecin. Marc le savait, mais en bon petit catholique, ce fut à un prêtre qu’il pensa.

— Ne vient-il pas de missionnaire ici ? demanda-t-il.

— Il en passait parfois, dit Mistress Gray, mais depuis la guerre, on n’en voit plus.

— Va-t-il mourir ? demanda l’enfant, les larmes aux yeux.

— Je ne sais pas, il m’a l’air bien mal ! dit le sergent.

On avait couché le pauvre Martin sur son lit. Le