Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/43

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Une mousse d’or les couvroit,
A l’entre-deux se descouvroit
Le naturel esclat des roses
Et des œillets bien rougissans,
Lors qu’ils vont s’espanoüissans,
Quand l’aube a ses portes escloses.

Au mitan de cette rougeur,
Estoit la porte de l’honneur,
Et des delices de la vie :
Voire d’un jardin où les dieux
N’ayans plus de nectar aux cieux
Eussent trouvé de l’ambrosie.

Voyant toutes ces raretez,
Qui n’eust porté ses volontez
A désirer leur joüissance ?
Il est vray, je la désiray,
Mais soudain je me retiray
M’estant deceu en ma créance.

Car j’estimois ceste beauté
Digne d’une divinité
A moy par amour reservée ;
Mais voyant son esclave cœur
Sous le joug d’un berger vainqueur
Porter en luy sa loy gravée,