Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


D’un cuisant regret affolé
Je suis bien loing d’elle volé,
Pour finir avecques ma vie
La douleur que j’eus quand je vis
Les plaisirs, par autre, ravis,
Pour qui seuls j’avois eu d’envie.

Mais si je meurs, ô prez et bois,
Souvenez-vous que mille fois
Je vous ay rendus agréables,
Et que mes frais soupirs ont faict
Que maint berger bien satisfaict,
Vous a jugez fort délectables.

Je vous ay esmaillés de fleurs
De mille diverses couleurs,
Et porté les bandes légères
Des oyseaux à vous fréquenter,
Et sous vos ombrages chanter,
Avec les nymphes bocagères.

Faites donc, après mon trespas
Que Florize ne sente pas,
La faveur d’un autre zéphire.
Je t’en prie, ô père du jour,
Et toy Vénus, et toy Amour,
Adieu donc, bois, je me retire !