Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/79

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Vous en perdrez le souvenir,
Sans qu’il puisse plus revenir
Troubler vostre âme bien heureuse.
De moy il me souvient fort bien
D’avoir eu sous un beau lien
Ma vie autrefois langoureuse ;

Mais, quand la mort me l’eut ravy,
Mon cœur à son joug asservy
Luy-mesme deslia sa chaîne,
Et ne voulant, en sa prison,
Perdant l’espoir de guérison,
Conserver une ingrate peine.

Tout suit les loix du changement :
Depuis la terre au firmament,
Les saisons mesmes nous l’apprennent.
Il est vray que l’homme estant mort
Ne revient plus à nostre bord ;
Mais elles tous les ans reviennent.

A quoy bon, te rongeant de dueil,
Faire une source de ton œil
Pour pleurer la mort de Philandre ?
Quand tu te plaindrois nuict et jour,
D’un si triste et profond séjour,
Il ne sçauroit ta plainte entendre.