Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/80

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Lors qu’Amour se fait nostre roy,
Il nous imprime avec sa loy
Un espoir de la jouyssance,
Et comment espérer, hélas !
De jouyr de ce qui n’est pas
Autre part qu’en la souvenance ?

Or, comme lors que le soleil,
Montant du point de son resveil,
Poursuit sa luisante carrière,
Le jour paroist étincelant,
Et quand la nuict le va célant,
Il perd sa luisante lumière :

Ainsi, tandis que de nos yeux
L’object doucement gracieux
Vit en ceste basse demeure,
Nous devons aymer sa beauté ;
Mais la mort nous l’ayant osté
Il faut qu’avec luy l’amour meure.

Il est vray que, comme au couchant,
Quand le soleil se va cachant,
Un peu de lumière estincelle :
Tesmoignage du jour qui fuit,
Pour céder à l’ombreuse nuict
Qui mille songes vains recelle ;