Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/87

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Mais, Lyridan, je ne le puis ;
Doncques mes éternels ennuis
Ne trouveront point d’allégeance.
– fuyez donc, dit-il, loing de moy
Ô vaine et trop ingrate foy,
Et toy, ô trompeuse espérance !

Las ! Il me faut perdre le jour
Pour adorer l’astre d’amour
Dont le mespris me vient abbatre.
Ô dieux, mais seroit-ce point vous
Qui, points d’un envieux courroux,
Punissez mon cœur idolatre ?

Il est vray, je vay l’adorant,
Mais qui ne l’iroit honorant
D’un autel, de vœux et d’un temple
Erigé par affection,
Puisque de la perfection,
Il est le seul parfaict exemple ?

Si je meurs, ô dieux immortels !
Je béniray les traicts mortels
Dont l’âme me sera ravie :
Et iray loüant le destin
De m’avoir jusques à la fin
Ourdy une si lourde vie.