Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/93

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Elle s’en alla pour revoir
Celuy dont le vainqueur pouvoir
Avoit mis son cœur en servage,
Et lui dire qu’enfin ses yeux,
Par leurs charmes victorieux,
S’estoient faits roys de son courage.

Par trois fois pourtant le soleil,
Sortant du point de son resveil
Pour esclairer aux yeux du monde,
Ouyt sa langoureuse voix
Et tristement parmy les bois
L’apperceut errer vagabonde,

Sans qu’elle peust revoir celuy
Qui devoit chasser son ennuy ;
Mais enfin le ciel favorable
Luy fit revoir son doux object,
Dont le cœur à sa loy subject
Souffroit un mal incomparable.

L’esgal ardeur de leurs désirs
Consuma lors par les plaisirs
D’une flame chastement saincte
Les soupirs, les sanglots, les pleurs,
Et les soucieuses langueurs,
Dont ils avoient leur ame atteinte.