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dire, sont encore en honneur dans la presque totalité de l’Afrique équatoriale, et pratiqués ouvertement à quelques pas de factories et de missions chrétiennes établies depuis plus de trois cents ans. Près des sources de ce Nil qu’on croit, non sans raison, avoir servi de berceau à l’histoire universelle il y a une centaine de siècles, Schweinfurth a vu ces boutiques de chair humaine autrefois reproduites par Pigafetta dans un célèbre dessin ; les féroces Mombouttou passent encore leur vie en razzias, en luttes continuelles sous le seul prétexte d’approvisionner ces débits de cadavres. « Viande ! viande ! » voilà le cri de guerre qui exalte leur courage par la promesse d’une immonde curée. Presque tous les voyageurs et les ethnographes regardent comme à peine sortis de la bestialité les Veddas de Ceylan, les Mincopis des îles Andaman, certaines peuplades de Bornéo, les Negritos des Philippines, la généralité des Mélanésiens, toutes populations où Mlle Clémence Royer[1] retrouve les « restes fossiles des humanités antérieures à la nôtre », et qui seraient, aux ancêtres primitifs des races privilégiées de l’histoire, ce qu’est la faune miocène aux animaux supérieurs des races quaternaires. On en dit autant des indigènes de la Terre de Feu. Dans toute l’Amérique du Sud, des populations à demi-civilisées, plus ou moins issues de la sangre azul, du « sang

  1. De la classification des races humaines. Voir les Comptes rendus sténographiés du Congrès anthropologique de Paris, juillet 1878.