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bleu » des conquistadores espagnols ou portugais, entourent d’un cercle somnolent un fort noyau de tribus sauvages, encore à l’âge de pierre.

Depuis la révolution produite dans la science et dans la philosophie par l’immortel ouvrage de Darwin sur l’origine des espèces ; depuis la publication des travaux de Lubbock et de Tylor sur les origines de la civilisation, l’ancienne tendance de l’école de J.-J. Rousseau à représenter « l’homme de la nature » comme libre de toute entrave, modèle de raison et de vertu, a cédé le pas au désir de trouver vivant encore, en chair et en os, l’homme bestial, l’homme primitif auquel nous conduit logiquement l’hypothèse évolutionniste ; aussi doit-on accepter sous bénéfice d’inventaire l’image que certains voyageurs, et surtout les ethnographes de cabinet, nous tracent des peuplades déshéritées. En réduisant ces témoignages à leur terme le plus modéré et le plus vraisemblable, nous n’en constatons pas moins que, seule de nos jours, l’Europe a le droit de se dire continent civilisé. Au point de vue de l’histoire, comme à celui de la géographie physique, l’Asie, son énorme voisine, nous semble divisée en deux parts inégales par le faîte de partage des montagnes élevées et des hauts plateaux qui la traverse dans le sens de sa plus grande étendue continentale, de la mer Noire au Pacifique, s’élargissant et s’infléchissant de plus en plus vers le nord à mesure qu’il s’éloigne de l’Europe. La moitié, de beaucoup la plus vaste, qui