Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/112

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lorsque les classifications des êtres humains tombent sur quelque peuplade bien isolée par des circonstances exceptionnelles, comme les Esquimaux au Groenland ou les Tasmaniens à l’île Van-Diemen, elles se comprennent encore. Mais, au-delà, le point de vue ethnographique apparaît seul, et l’on se sert du mot de race dans le sens le plus malheureux. On parle de race indo-germanique et latine, de race allemande, anglaise, slave, comme s’il y avait, dans ces épithètes, autre chose qu’une dénomination politique, une agglomération fortuite d’éléments anthropologiques de sources diverses… En Asie, ou les peuples ont été brassés de l’orient à l’occident et de l’occident à l’orient d’une façon si prodigieuse que sa race la plus caractéristique se trouve peut-être au-delà du Pacifique, dans les zones polaires ; en Afrique, où un mouvement semblable s’est opéré à plusieurs reprises ; en Amérique, où se sont produites aussi de grandes convulsions aux époques historiques, on ne rencontre plus de races primitives, mais des résultats de croisements répétés, de superpositions, de mélanges de toute nature… La classification des véritables divisions et subdivisions de la famille humaine est encore à créer, et ne pourra être abordée que lorsqu’on connaîtra les vrais éléments composants des peuples actuels. »

Citons un exemple des équivoques provenant de cette confusion si bien décrite par M. Topinard : les Allemands, qui ont tant sacrifié au spectre