Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/121

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rouge, évidemment identique à ces populations de couleur brique ou brunâtre qui, dès les temps préhistoriques, étaient déjà répandues sur les deux rives de la mer Rouge et jusqu’en Palestine et en Syrie ; populations dont les restes se retrouvent encore dans les parages du cap Gardafui, sur le haut Nil, et sur le littoral méridional de l’Arabie. On reconnaît une allusion à la nuance de leur peau dans le nom de Poun qu’elles portaient depuis la plus haute antiquité, et qui est probablement l’origine des φοίνιχος des Grecs, des Pœni, Punici des Romains. La mer Rouge pourrait leur devoir son appellation ; celle de Himyarites, donnée aux Sabéens de l’Arabie Heureuse, provient de la racine h-m-r, en arabe homra, — qui désigne le rouge dans les langues sémitiques.

Impossible, dans l’état actuel de la science, de faire le départ tant soit peu équitable du travail de ces quatre facteurs ethniques. Sur la foi des prêtres égyptiens, les auteurs classiques avaient admis la provenance éthiopienne des civilisateurs de la basse vallée du Nil. D’après les traditions, Osiris, la personnification du principe d’ordre et de progrès dans la création et la société, avait la peau noire[1] ; à Typhon, son satan ou son antagoniste, on donnait des cheveux roux et ce teint jaune que le tableau du tombeau de Seti Ier attribue aux Amou sémitiques.

  1. Plutarque, Sur Isis et Osiris.