Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/162

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beaucoup moins difficile d’admettre, dans la plus haute antiquité et dans quelque région centrale de l’Asie, l’existence d’un foyer de civilisation ayant rayonné à l’ouest jusqu’à la frontière libyque, et à l’est jusqu’aux mers de la Chine.

La légende la plus archaïque des Chinois concernant leurs rapports avec les peuples occidentaux, est celle de Mou-Vang, le roi ou prince Mou, allant, monté sur un coursier rapide, visiter la Mère[1] des rois de l’Occident, sur les monts Kouen-loun. La chronologie officielle et si peu admissible du Céleste Empire assigne à ce voyage plus ou moins fabuleux une date assez modeste, d’environ mille années avant l’ère chrétienne[2], époque à laquelle des civilisations vingt et trente fois séculaires florissaient déjà en Asie et en Afrique, dans des pays voisins de la Méditerranée.

Les communications de l’Inde avec l’Asie occidentale sont encore plus modernes et ne peuvent être suivies plus haut que la première invasion de Salmanassar[3], au commencement du VIIIe siècle avant l’ère chrétienne : à partir de cette époque seulement, on trouve sur les monuments assyro-babyloniens des figures d’éléphants, de rhinocéros, animaux inconnus en Égypte et en Mésopotamie, mais caractéristiques de l’Hindoustan.

  1. Si-Vang-Mou, ce qu’on peut prendre aussi pour un nom propre rendu significatif par les caractères idéographiques dont on s’est servi pour le figurer.
  2. Vassilieff, ouv. cité.
  3. Cf. Christian Lassen, Indische Alterthumskunde, Bd. I.