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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/163

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Si maintenant, laissant de côté cette obscure question des origines, nous considérons le vaste ensemble de l’histoire universelle depuis le siècle de Ménès, le fondateur présumé du premier empire égyptien, il nous sera facile d’y distinguer trois périodes consécutives ayant eu chacune pour théâtre son milieu géographique propre et nettement caractérisé.

Les quatre grandes civilisations de la haute antiquité se sont toutes épanouies dans les régions fluviales. Le Hoang-ho et le Yangtze-kiang arrosent le domaine primitif de la civilisation chinoise ; l’Inde védique ne s’est point écartée des bassins de l’Indus et du Gange ; les monarchies assyro-babyloniennes se sont étendues sur la vaste contrée dont la Tigre et l’Euphrate forment les deux artères vitales ; l’Égypte enfin, comme le disait déjà Hérodote, est « un don », un présent, une création du Nil.

Un chercheur d’analogies pourrait nous faire observer que les grands fleuves historiques sont représentés, en Asie, par des couples binaires[1] ; dans l’Inde, chaque couple, à son tour, se dédouble ; l’Indus semble complété par le Satledj, et le Gange par la Djamna ; tandis que le Brahmapoutra, qui déverse aussi ses eaux dans le vaste réservoir gangétique, est resté jusqu’à ce jour en dehors de l’histoire. En Afrique, ce dualisme, s’il existe, est bien

  1. Aux quatre régions susnommées, on pourrait en joindre une cinquième, celle de l’Oxus et du Yaxarie, sur laquelle nous reviendrons plus tard.