Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/196

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Mais il existe aussi, entre l’Orient et l’Occident, des dissemblances non moins nombreuses. Si, d’un côté, l’écart isothermique entre l’Égypte et la Mésopotamie n’atteint pas quatre degrés, il est d’une dizaine de degrés entre le Pandjab et le bassin des grands fleuves de l’empire chinois. L’isolement de chacun des domaines des civilisations orientales est en outre beaucoup plus complet. L’inaccessible massif qui se greffe sur le Tibet et l’Himalaya, à l’est et au nord-est, massif que sillonnent les gorges parallèles des rameaux supérieurs du Yangtzé-kiang, du Mékong et du Salouen, sépare entièrement la Chine de l’Inde, tandis que, dans le monde occidental, la région tigro euphratique se rattache de près et très facilement au bassin du Nil par la presqu’île du Sinaï, tout en se reliant à l’Europe par l’Asie Mineure et les îles de la mer Égée. Vers l’époque des Hycsos[1], peut-être antérieurement, mais tout au moins une vingtaine de siècles avant Jésus-Christ, on peut constater déjà quelque rapprochement entre l’Égypte et le monde sémitique. L’Inde et la Chine, au contraire, s’ignorent jusqu’aux temps relativement modernes de la propagande bouddhiste. Et quand, enfin, elles franchissent leurs frontières, la rencontre se fait sur un terrain étranger, dans cette région sud-orientale, birmane, siamoise, malaise, annamite, qui, à plusieurs égards, mérite si bien son nom d’Indo-Chine,

  1. Hommel, Die Vorsemitischen Culturen in Ægypten und Vorderasien. — ouv. cité.