Aller au contenu

Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Stanley, François, Wissmann, Grenfell et tant d’autres parmi les explorateurs actuels de ces régions, parlent avec étonnement de l’extrême densité des populations, sur la rive droite du Congo, entre Stanley Pool et l’Alima, et dans le pays des Bangala, ainsi que sur le Kassai et autres grands tributaires du fleuve de la barbarie. Certes, dans le voisinage même des centres les plus importants, on trouve aussi de vastes espaces presque déserts, mais, à peu d’exceptions près, ce fait n’est pas imputable à l’ingratitude du sol ou à l’insalubrité du climat : C’est que les traitants d’esclaves ont saccagé les villages et forcé les habitants à se réfugier au fond des forêts… Si l’homme-gibier, l’homme-nature trouve, et au delà, les moyens de subsister dans ces contrées, l’homme social, l’homme de la solidarité y est impuissant à se protéger contre des agresseurs qui, tout en étant bien inférieurs en nombre, l’attaquent avec les armes et l’organisation d’une société supérieure.

Mais à un certain point de vue, et en dépit des brillantes découvertes des explorateurs modernes, la révélation de la Minerve de Saïs sur Krophi et Mophi restera éternellement vraie : c’est près d’Éléphantine que se trouve, en effet, l’abîme mystérieux, le gouffre idéal qui partage le fleuve géant de l’Afrique en deux sections de longueur fort inégale, et très distinctes pour la sociologie et l’histoire : en aval, le Nil des inondations qui a créé l’Égypte, et, par conséquent, la commune civilisation occidentale ; en