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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/236

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amont, le tronçon énorme qui, d’année en année et depuis tant de siècles, n’a créé et ne crée que le Nil inférieur et ses inondations. Si le grand fleuve n’avait ses origines dans la région de l’Afrique centrale, au-dessus de laquelle les vapeurs des deux Océans se condensent pour se déverser, dix mois sur douze, en pluies diluviennes sur un sol de roches imperméables faiblement incliné vers le nord-est, ses eaux seraient bientôt absorbées par l’ardent soleil de ces latitudes torrides, et bues par les sables du désert, longtemps avant d’arriver à la Méditerranée. Aussi, malgré l’intarissable abondance de ses sources équatoriales, nous voyons le divin Hapi, dès la première moitié de la route qui le conduit au pays de ses adorateurs, en danger de se perdre au milieu des marais pestilentiels du fleuve des Girafes et du fleuve des Montagnes, Bahr-el-Djebel ; grâce à la rivière des Gazelles, grâce surtout aux soins dont l’entoure la tendre Isis, la mère-nature, l’existence du fleuve merveilleux semble désormais assurée. Une fois échappé du « Joug des Rivières », il reçoit le tribut du puissant Sobat[1], le premier de ses affluents de

  1. Russegger ne se trompait pas de tout point quand il prenait le Sobat pour le vrai Nil Blanc : en premier lieu, c’est après avoir reçu cette rivière, que le fleuve principal prend la couleur crayeuse qui lui a valu son nom : ensuite, dans ses périodes de crue, le Sobat charrie plus d’eau que le Nil : par contre, il a ses baisses, pendant lesquelles il ne conserve pas assez de fond pour porter des embarcations, même très modestes. Le négrier maltais Andrea de Bono, fut retenu plusieurs mois prisonnier du Sobat par un de ces brusques retraits des eaux.