spécifique qui en a fait l’initiateur historique par excellence de l’humanité. Nourri à sa naissance de ces pluies équatoriales qui n’ont point de périodicité, il serait assez puissant pour franchir sans s’exténuer l’énorme étendue de plaines marécageuses ou arides qui le séparent de la mer, mais il ne déborderait pas, et l’Isis égyptienne n’aurait point connu son divin époux, producteur des récoltes abondantes, créateur de l’ordre moral et social ; elle languirait comme sa triste sœur Nephtis — la Terre en dehors de la limite des inondations — livrée aux embrassements stériles de Set-Typhon, le dieu satanique du désert, du désordre et de la désolation. Mais, entre le Nil et le golfe Arabique, se dresse le massif de l’Abyssinie, qui attire les nuées et les vapeurs de l’océan Indien. Quand le soleil est au zénith de notre hémisphère boréal, des pluies diluviennes s’y déversent avec une violence inconnue ailleurs ; des torrents mugissants se forment en quelques heures, rongeant les flancs abrupts des roches, ou s’y creusant des lits profonds. Plus d’une fois, l’irruption des eaux sauvages a balayé jusqu’au dernier homme les bataillons en campagne ou les caravanes qui, pendant la saison sèche, profitent des koualla ou coulières formées par les crues, pour gravir les parois escarpées des montagnes, ou plutôt les pyramides à sommet tronqué du pays. Le Sobat, l’affluent le plus méridional de la rive droite du Nil, participe, en une certaine mesure, de la nature périodique des torrents de
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