Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/249

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toutes les « nourritures agréables, choisies », et de « tout ce qui est bon », mais reste à l’état de Néant, jusqu’à ce qu’une volonté puissante et intelligente l’ait convenablement façonné. Or, bien différent en cela du Yahveh des Hébreux, qui, lui-même, avait accompli ce travail pour le plus grand bien de la race humaine, le divin Hapi l’abandonnait tout entier à l’initiative et aux soins de ses adorateurs. Avant de prodiguer ses dons au peuple de ses élus que, sans préjugé de couleur ou d’origine, il recrutait parmi les Noirs, les Rouges, les Jaunes et les Blancs, il le soumettait à une rude épreuve, et des hordes sauvages, semblables à celles qui, fièrement indépendantes, prospèrent sur les bords du Congo, des tribus éparpillées sans lien de solidarité intime et efficace, eussent été impitoyablement condamnées à périr de misère et de maladies dans cette admirable vallée du Nil.

« Maintenir au fleuve un lit fixe, répandre par des canaux secondaires s’embouchant sur son cours le contact fertilisateur des irrigations sur la plus grande surface possible ; obliger, par une série de digues transversales à la vallée, les eaux de l’inondation à séjourner quelque temps sur les terres en y déposant paisiblement leur limon, de manière à les colmater au lieu de les dénuder ; assurer et protéger les sites choisis pour les centres d’habitation, afin de les empêcher d’être, eux aussi, envahis et emportés par le flot démesurément grossi, organiser des machines d’une conception simple, faciles à cons-