Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/251

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veillance uniforme, qu’une direction commune s’étende à tout l’ensemble du système, et y préside avec une active vigilance…. Et ces conditions physiques n’ont pas seulement imposé l’unité à l’Égypte. Elles semblent l’avoir nécessairement condamnée au despotisme…. Aucun peuple n’a porté aussi loin le respect du pouvoir royal, n’en a exalté la conception à une pareille hauteur, ne l’a aussi complètement regardé comme divin. C’est que nulle part le peuple, dans ce qui faisait la condition même de la vie matérielle, dans la production de ce qui était indispensable à sa nourriture, n’en sentait autant l’action et la nécessité.[1] »

Et le savant auteur auquel j’emprunte ce passage, après avoir ainsi noté avec clairvoyance et précision les origines toutes géographiques du despotisme égyptien, s’écrie : « L’école déterministe en histoire peut ici se donner carrière pour soutenir qu’il est des fatalités inéluctables de la nature, qui pèsent sur l’homme sans qu’il puisse en secouer le fardeau, ne permettant la liberté qu’aux habitants de certains pays et de certains climats, et imposant à d’autres peuples de rester à jamais courbés sous le bâton d’un despote…. Oui, il existe une sorte de fatalité de nature qui exerce son action sur les habitants de tel ou tel pays, et qui résulte de la combinaison d’une infinité de circonstances extérieures. »

  1. Fr. Lenormant, ouv. cité.