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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/252

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Cet aveu nous est précieux de la part d’un écrivain aussi compétent et d’un adversaire avoué du matérialisme philosophique. Mais le savant archéologue, le dernier défenseur de l’arbitraire providentiel dans l’histoire, nous accorde plus que ne saurait accepter un déterministe convaincu. C’est qu’au fond, nous l’avons déjà vu, l’école déterministe est bien moins fataliste que M. Fr. Lenormant lui-même dans le passage cité, et ne peut admettre, sans faillir à l’évolution, son principe essentiel, une « fatalité inéluctable » de la nature, qui pèse sur l’homme « au point de le condamner à la stagnation, à l’immobilité ». Malgré les particularités si caractéristiques de l’Égypte, les destinées historiques de son peuple n’y procèdent pas, irrévocablement et invariablement, de l’ensemble des conditions physiques du sol. Mais dans la vallée égyptienne, comme dans tous les pays de l’univers, l’état politique et social des habitants découle, naturellement et logiquement, du rapport entre le caractère de la coopération imposée par le milieu, d’une part ; d’autre part, de l’aptitude des populations à fournir, grâce à un concours libre et volontaire, grâce une organisation sociologique d’un ordre élevé, la quantité et la qualité du travail collectif exigé par le milieu. Les deux déterminantes, le milieu lui-même et la faculté d’adaptation de ses habitants étant des éléments variables, il s’ensuit, au contraire, que les destinées historiques des peuples cantonnés dans quelque région que ce soit, devront nécessairement