Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/27

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que l’on observe en grand dans les nations dites supérieures, et du moins ont-ils l’avantage, dans ce milieu plus étroit, de ne pas offrir autant de complexité et d’être par conséquent d’une étude plus facile. Ils résument l’histoire en traits plus simples, mais non moins vrais. Quelle est la pauvre peuplade, si perdue soit-elle dans les forêts et dans les glaces, dont les mœurs et l’existence, décrites avec méthode et sincérité, ne nous force pas à dire : « C’est de nous qu’il s’agit ! » J’en appelle aux lecteurs de l’ouvrage écrit par mon frère Élie Reclus, les Primitifs.

Mais qu’il s’agisse de petites ou de grandes fractions du genre humain, c’est toujours par la solidarité, par l’Association des forces spontanément coordonnées que se font tous les progrès. Encore sauvages par atavisme, mais déjà demi-dieux par l’idéal, nous savons comment s’est accompli le long parcours, depuis que nos ancêtres cannibales sortirent de leurs charniers. L’historien, le juge qui évoque les siècles et qui les fait défiler devant nous en une procession infinie, nous montre comment la loi de la lutte aveugle et brutale pour l’existence, tant prônée par les adorateurs du succès, se subordonne à une deuxième loi, celle du groupement des individualités faibles en organismes de plus en plus développés, apprenant à se détendre contre les forces ennemies, à connaître les res-