Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/26

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mières qui se formèrent sur les bords des fleuves et qui apprirent à s’entr’aider pour lutter en commun contre les inondations, élever des digues et des contre-digues, creuser des canaux, régulariser le flot d’inondation et la rentrée de l’eau dans son lit. Cette description des origines serait des plus curieuses et des plus belles, mais nous ne pouvons la reconstituer que par l’étude comparée des milliers de peuplades et de tribus contemporaines éparses dans le monde en divers états de civilisation, et non encore unies comme les nations policées en un grand corps humanitaire, conscient de son existence collective. Peut-être Léon Metchnikoff n’a-t-il pas rendu suffisamment justice à ces « peuples nature » dans les quelques lignes qu’il leur consacre, car ils ont eu aussi leur part dans l’œuvre commune. La marche en avant n’a point eu lieu d’une manière rectiligne, de groupe en groupe, et c’est par une succession de spirales, de développements partiels et alternatifs, de progrès et de reculs, d’oscillations incessantes, que s’est faite l’histoire de l’humanité. Dans chaque peuplade, aussi bien que dans les puissantes nations auxquelles appartient maintenant l’hégémonie, on voit se succéder les périodes de groupements dont Metchnikoff nous donne la série d’évolution normale : groupements imposés, subordonnés, coordonnés. Chez ces humbles tribus se reproduisent en petit les phénomènes