cèdent du nord au sud. J’ai déjà parlé de la plus septentrionale d’entre elles, la contrée des Alpes arméniennes, tourmentée, âpre, d’aspect presque terrible avec ses volcans énormes aux pentes anfractueuses, scarifiées, ses grands lacs (Van et Ourmiah), contrée qui, vers Kharpout et Diarbekir sur l’Euphrate, Sert et Djoulamerk sur le Tigre et le grand Zab, s’abaisse en terrasses recouvertes de bois épais ou de plantureux pâturages. En s’avançant vers le sud, le voyageur qui a dépassé le Karatcha-dagh, dernier des contreforts anti-caucasiens, se trouve dans une plaine faiblement ondulée, de formation secondaire, au relief uniforme, et dont quelques collines seulement, aux alentours de Ras-el-Aïn et d’Orfa, interrompent la monotonie. Celle-ci, cependant, ne fatigue point le regard, car si l’hiver a été doux, ce qui est généralement le cas, si les pluies de l’automne et du printemps se sont déversées avec leur habituelle abondance sur cette terre privilégiée, la fertilité du sol éclate avec une vigueur et une richesse de sève étonnantes. Hérodote s’abstient de préciser la hauteur qu’y atteignent les orges, parce que, dit-il, « ceux qui n’ont pas vu le pays de leurs propres yeux, dans la bonne saison, ne pourraient le croire ». Nous sommes ici dans la zone où le froment, cette plante civilisatrice par excellence, croît à l’état sauvage[1]. Tous les arbres
- ↑ A. de Candolle, ouv. cité.