Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/31

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Si, en thèse générale, on peut s’en tenir au partage, communément admis, de tous les habitants du globe en peuples historiques ou civilisés, et peuples « nature » sauvages ou barbares, on ne tarde cependant pas à s’apercevoir que cette classification, reposant sur des bases mal définies, prête à de nombreuses méprises.

Les plus misérables des peuplades que nous ont fait connaître les voyageurs présents et passés possèdent au moins quelques outils ; elles connaissent le feu ; elles ont leurs fétiches et une constitution politique et familiale plus ou moins rudimentaire ; elles ont un langage articulé. Dr ce modeste avoir est le legs de générations nombreuses ; il constitue déjà une fortune acquise ; il a son histoire et appartient de plein droit à la civilisation. Mais si, d’un côté, celle-ci, quelque humble qu’en soit le degré, se retrouve invariablement dans une de ces communautés intérieures que du haut de notre superbe nous qualifions d’abjecte et de barbare, de l’autre, cette barbarie a aussi son « ubiquité », et pas une de nos sociétés, si avancée soit-elle, n’est encore parvenue à s’en dégager entièrement. Du sauvage le plus dégradé au plus noble de ses civilisateurs, il n’existe qu’une gamme de nuances et de degrés non interrompue. Tant qu’il s’agit de comparer deux termes.

    l’Ancien Monde à plus de 100 degrés à l’est de sa position réelle. Il en déduisait que, en se dirigeant vers l’ouest, la distance de Gibraltar à l’Inde ne pouvait dépasser en longueur la route orientale suivie par les Vénitiens. (voir O. Peschel, Zeitalters der Entdeckungen.)