Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/32

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extrêmes ou très éloignés de la série, les diversités sont évidentes ; on s’oriente en dépit de difficultés graves provenant de ce fait que dans l’histoire, comme dans la nature, l’évolution ne suit jamais une marche rectiligne. Entre un Anglais, par exemple, et un Maori ; entre un Batéké et le plus éclairé des agents de l’État du Congo, il n’y a pas seulement la différence qui sépare la civilisation de la barbarie, mais aussi des diversités contingentes et adventices qui embrouillent singulièrement la question. Quand, des termes extrêmes, nous passons aux termes moyens, la confusion augmente et nous livre de plus en plus au hasard de tendances et de sympathies subjectives, qui rendent nos appréciations incertaines, arbitraires et contradictoires.

En présence d’un état social déterminé, comment donc y distinguer ce qui est essentiel à la civilisation et lui appartient en propre, de ce qui est un reste ou un legs de la primitive barbarie ?

Mais, tout d’abord, qu’est-ce que la civilisation ?

« Le mot de civilisation, dit très bien M. P. Mougeolle[1], est un des plus complexes de la langue ; il embrasse la totalité des découvertes faites et des inventions réalisées ; il donne la mesure des idées en cours et des procédés en usage ; il exprime le degré de perfection de la science, de l’art et de l’industrie ; il indique l’état de la famille, de la société et de toutes les institutions existantes ; il résume

  1. Statique des Civilisations.