Aller au contenu

Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
286
LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES

amener une régénération vraie, durable, entière. Bien avant Mahmoud le Ghaznévide, qui, au xe siècle de l’ère chrétienne, jeta l’Hindoustan dans le domaine de l’Islam, la plupart des anciens et puissants royaumes du bassin indo-gangétique se meurent de marasme. Depuis que son histoire se dépouille pour nous de son mystère, l’Inde nous apparaît comme une « belle au bois dormant » que voudraient conquérir tous les fondateurs de grands empires, les Anglais et les Russes de nos jours, comme autrefois Tekklathabal-asar et Alexandre. Et elle accepte passivement son sort avec une indifférence d’hypnotisée.

Cette conception, réalisée rudimentairement par l’Inde, d’un ordre social réglé par le jeu même de ses rouages, nous frappe par ses analogies avec le panthéisme qui est au fond de toutes les doctrines religieuses hindoues, orthodoxes, réformées ou révolutionnaires : ce ne sont évidemment que deux faces d’une seule et même création. Mais où trouverons-nous la puissance créatrice ? Rien de plus facile que de désigner comme telle le prétendu « génie national », la synthèse des « aptitudes de race » qui explique tout, aux yeux de certains érudits, mais on ne résout pas un problème en se contentant de donner le nom d’x à la grande inconnue. Et, surtout à propos de l’Inde, une difficulté insurmontable se présente : Y a-t-il jamais eu une nation hindoue ? Si Mégasthène, envoyé de Séleucus Nicator à la cour de Tchandragroupta, comptait