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L’INDUS ET LA GANGE

déjà cent dix-huit peuples distincts dans le bassin de l’Indus et du Gange, est-ce que maintenant encore, entre le versant méridional de l’Himalaya et l’île de Ceylan, n’habitent pas les « races » les plus disparates, avec toutes les colorations imaginables de la peau — du teint de « fraise à la crème » des belles Kachmiriennes au noir d’ébène de certaines tribus méridionales — avec les idiomes les plus variés, aryens, dravidiens, kohlariens, langues à flexion, agglutinantes, mono-syllabiques ? Le présent, comme le passé de l’Inde n’est que très relativement (et très peu) dominé par une sorte d’ « unité aryenne ». Ethnologiquement, toute statistique y est impossible ; la très grande majorité des habitants se compose d’Aryas indianisés ou d’indigènes aryanisés, à tous les degrés possibles de métissage. Mais un rameau du tronc aryen ayant réussi depuis longtemps à imposer le sanscrit aux quatre cinquièmes des « Indiens », nous pouvons identifier, jusqu’à un certain point, l’histoire de l’Inde avec celle des Aryens orientaux, détachés de la souche commune on ne sait à quelle époque, et que les hymnes les plus anciens du Rig-Veda nous montrent déjà cantonnés dans le nord-ouest du Pandjab. Ce groupe dominant se recommande d’ailleurs par son incontestable parenté, ne fût-elle que parenté de langues, avec les nations civilisées de l’Europe. Or, rien n’est plus contraire aux castes que le « génie » des races aryennes, qui, toujours et partout, en Europe comme en Asie, l’Hindoustan seul excepté, sont