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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES

védiques, la signification qu’ils ont pour les ethnographes et les anthropologistes modernes. Ce texte même du Mahabharata[1], où nous lisons que chaque caste de l’Inde, désignée par le mot varna (couleur) a sa teinte spécifique : le blanc, celle du brahmane ; le rouge, celle des kchatryas ; le jaune, celle des vaïcyas ; le noir, celles des çoudras, suffirait pour nous avertir qu’il ne s’agit point de nuances de la peau, ni de distinctions ethnologiques. S’il y eut jamais dans l’Inde une caste plus particulièrement aryenne ou blanche, c’est bien celle des kchatryas ; d’ailleurs, — les textes les moins contestés ne laissent aucun doute à ce sujet, — brahmanes, kchatryas et vaïcyas étaient indistinctement compris dans la dénomination d’Aryas (nobles) et de Dvidjas (deux fois nés)[2]. Le célèbre hymne des « grenouilles » est à cet égard fort instructif : après avoir comparé les Aryas « qui s’éveillent pour accomplir le rite sacré et chanter l’hymne », aux « grenouilles qui coassent quand les ondées célestes viennent à la terre, à la pauvre terre que l’été a rendue sèche comme une peau de bête étendue », le poète védique ajoute : « L’une mugit comme une vache, l’autre a le cri de la chèvre ; l’une est jaune, l’autre est verte. Elles ne sont toutes que des grenouilles, on les désigne par le même nom… Venant de toutes parts, leurs voix

  1. Reproduit par J. Muir : Original sanscrit texts, etc. Part. 1, the Mythical and legendary account of Caste.
  2. On naît selon la chair une première fois ; une seconde fois selon l’esprit, par la soumission au régime brahmanique.