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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/329

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L’INDUS ET LA GANGE

s’unissent dans un ensemble continu. Tels que les grenouilles sont les enfants des prêtres (c’est-à-dire les Aryas), qui, à l’approche de la nuit, versent le soma et murmurent autour du lac qui est le vase des libations. Que la grenouille inspirée ait le mugissement de la vache ou le cri de la chèvre, qu’elle soit jaune ou verte, sa parole vaut à l’Arya l’abondance des biens ; elle procure des vaches fécondes, des pâturages fertiles, elle prolonge la vie. » Cet hymne ne démontre-t-il pas que, dans l’Hindoustan, comme dans les autres pays historiques, la diversité des idiomes et des nuances de la peau fut dominée de bonne heure par une certaine unité nationale résultant de l’unité des institutions ; et celles-ci, déjà bien avant la fin de la période dite védique, avaient perdu le riant caractère de leurs premières origines.

Nul besoin de s’aventurer dans le dédale des subtilités et des hypothèses ethnologiques pour ramener sous la loi commune l’histoire ancienne du bassin indo-gangétique, et se rendre compte des transformations successives que les institutions politiques, sociales et religieuses de l’Inde ont subies avant d’atteindre à la rigidité sépulcrale du Manava dharma sastra : les principes généraux que nous avons déduits des annales de l’Égypte et de l’Assyro-Babylonie ressortent avec presque autant d’évidence de l’histoire compliquée et mystérieuse de l’Inde. Le contraste entre l’idyllique anarchie des premiers temps védiques et l’énervant despotisme des castes