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L’INDUS ET LA GANGE

D’ailleurs, dans toute l’épaisseur de la région montagneuse, « des vallées comme celles du Kachmir s’ouvrent en cirques immenses où l’imagination populaire a vu des paradis habités par l’humanité pendant son âge d’or, et qui sont, en effet, des régions presque sans égales pour la salubrité du climat, la fertilité du sol, le charme et la magnificence des paysages reflétés dans les lacs et les eaux courantes, l’éclat du ciel qui s’arrondit au-dessus de l’amphithéâtre des neiges[1]. »

Tandis que, dans ces belles contrées où furent composés les plus anciens hymnes du Rig-Veda, et dans le voisinage de l’Hindou-kouch, l’abondance des pluies, jointe à la fertilité du sol, favorise la vie pastorale et l’exploitation agricole du sol par le travail libre de petits groupes indépendants, toute la vaste région qui, dans le code de Manou, porte le nom de « pays central », Madhya-desa, présente, au contraire, les caractères distinctifs de ces milieux favorables à l’histoire, tels que nous les avons déjà étudiés sur les bords du Nil et dans la « Syrie entre les Fleuves ». « La moindre irrégularité dans les balancements annuels du climat, suivant la pression atmosphérique, la marche des vents et des nuages, a les conséquences les plus graves en Hindoustan. Lorsque les pluies manquent ou se réduisent à de légères ondées, quand les rivières sont desséchées et les canaux taris, la famine est inévitable, et des

  1. Élisée Reclus, ouv. cité, t. VIII.