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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/330

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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES

de la période brahmanique, correspond assez étroitement aux différences des milieux où se sont produites ces diverses phases ; la plus ancienne avait eu pour terrain les vallées élyséennes du Kophès, du Kachmir ; la dernière s’est déroulée dans le Madhya-desa, l’énorme plaine limitée au nord par la région pestilentielle des teraï, séparée, à l’est, du bassin du Brahmapoutra et du golfe du Bengale par la région infecte « où règne la déesse de la Mort[1] » ; elle n’offre d’issue vers le Dakchina-desa (le pays de droite, le Dekkan), au sud, que par les brèches sauvages des monts Vindhya ; à l’ouest, les déserts du Badjpoutana la séparent de la mer d’Oman.

« La plaine de Kachmir est, on le sait, une des contrées les plus belles de la Terre : les poètes hindous et persans l’ont chantée comme un lieu de délices et le nom même de Kachmir, repris par la tradition littéraire dans tout le monde civilisé d’Occident, est devenu synonyme de pays de merveilles et d’enchantement. Les voyageurs modernes, pourvus de tous les éléments de comparaison que leur donne l’exploration presque complète de la surface planétaire, confirment ce qu’ont dit les poètes de ce pays admirable… Le climat de Kachmir est unique dans l’Inde, et ressemble à celui de l’Europe occidentale, avec moins d’inconstance. »

  1. Kali-kata, dont les Anglais ont fail Calcutta, « séjour de la déesse de la Mort », est un nom qui, à bon droit, pourrait s’étendre à tout le delta gangétique.