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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/339

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L’INDUS ET LA GANGE

d’un grand nombre de chroniques locales de l’Inde, A. du Bois de Jancigny conclut que les Hindous considéraient leur roi, non comme un homme favorisé des dieux, mais comme un être supérieur divinement inspiré : les dieux sont les auteurs de ses actions. « Le roi était, pour ainsi dire, la royauté personnifiée, qui n’avait besoin que de son nom, et qui pouvait être ornée ou souillée par ses qualités personnelles, mais jamais affaiblie… Les rois ne sont pas plus coupables en exerçant des cruautés, que ne l’est le lion ou le tigre en assouvissant sa rage et sa faim dévorante[1]. » Certains textes du Mahabharata donneraient même à penser que les Hindous admiraient la férocité dans un roi, comme nous le faisons pour un chien de garde.

On a souvent comparé au Nil l’Indus qui répand ses eaux sur le désert, et le fertilise en partie par ses crues périodiques. On pourrait dire aussi que le Pandjab est une Égypte en miniature, entourée de quatre ou cinq Mésopotamies. Ce morcellement du territoire empêchait la formation d’une unité politique, tout en favorisant la création des despoties locales, se rattachant chacune à quelque héros légendaire, le Radja Taranjini[2], par exemple, ou le patriarche Kacyapa, qui régularisaient le cours des eaux, jetaient des chaussées gigantesques d’une montagne à l’autre ; ou Vaçou, fondateur du royaume

  1. A. du Bois de Jancigny, Histoire de l’Inde ancienne et moderne.
  2. Ce nom signifie « Torrent royal ».